HEMISPHERES N°21 – Locales, urbaines, intimes: les proximités // www.revuehemispheres.ch
Photo: Cris Toala Olivares

Portfolio – En symbiose avec les volcans

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Le Tungurahua en Équateur, le Stromboli en Italie, le Sinabung en Indonésie ou le Laki en Islande: cela fait sept ans que Cris Toala Olivares, photographe équatorien établi en Hollande, sillonne le monde pour capter «la connexion entre les volcans et les personnes qui habitent à leur pied».

TEXTE | Geneviève Ruiz
IMAGES | Cris Toala Olivares

Tout est parti d’une rencontre avec une femme indigène, alors qu’il photographiait l’éruption du Tungurahua, l’un des volcans les plus actifs des Andes, en 2014. Pas vraiment stressée par l’événement, elle lui conta alors que les légendes traditionnelles associaient les volcans à l’amour. «J’ai été fasciné par la relation forte qui unissait ces communautés aux volcans, à la fois source de fertilité et de destruction, raconte le photographe. Elles sont complètement conscientes des risques auxquels elles sont exposées, mais elles s’y adaptent et les acceptent. Même lorsque le gouvernement souhaite l’interdire, elles retournent sur leur lieu de vie après une éruption.»

Au cours de ses périples, le photographe, a saisi des volcans éteints, des volcans qui explosaient, pendant que d’autres produisaient de l’énergie géothermique ou inspiraient les artistes, comme c’est le cas en Corée du Nord, où le mont Paektu symbolise les origines de la nation. Il a rencontré des communautés d’ingénieur.es, de vignerons, de pêcheurs… «J’ai pu observer des points communs universels entre ces populations, dont la plupart sont marginalisées. Face à ces forces de la nature, l’être humain se sent petit, il se reconnecte à son essence et oublie les classes sociales.»

Pour Cris Toala Olivares, photographier c’est transmettre un message au monde. Se considérant comme une sorte de Christophe Colomb des temps modernes, il n’hésite pas à dormir à même le sol dans les cahutes des paysans indonésiens durant plusieurs semaines. Il s’imprègne de son environnement, de la lumière, de la culture, dans une posture non normative. Prendre une seule image peut lui demander une dizaine de jours. «Ce que ces personnes qui vivent si près des volcans ont à nous dire, c’est que le risque est le sel de leur vie. Elles ne craignent pas les énergies de la nature, mais vivent en symbiose avec elles.»


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