« Être associé à des révolutions technologiques représente une formidable aventure » // www.revuehemispheres.com
Les mouvements de foule peuvent avoir des conséquences dramatiques. C’est pourquoi des chercheurs développent des applications capables de reconnaître et de prédire des situations critiques lors de grands évènements, notamment dans le cadre du projet SmartCrowd (iNuit). © Shutterstock

« Être associé à des révolutions technologiques représente une formidable aventure »

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Olivier Naef est responsable du domaine Ingénierie et Architecture de la HES-SO. Il explique les spécificités de la recherche appliquée menée au sein des hautes écoles d’ingénierie et d’architecture.

TEXTE | Geneviève Ruiz

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© François Wavre | lundi13

Depuis quand les hautes écoles d’ingénierie et d’architecture font-elles de la recherche ?

Olivier Naef Depuis leur création, qui date, pour certaines d’entre elles, d’il y a plus d’un siècle. Mais le contexte social et économique a beaucoup évolué. La recherche n’est ancrée dans la loi que depuis la création de la HES-SO il y a 20 ans. Elle s’est professionnalisée et le nombre de projets a fortement augmenté.

Parlez-nous des spécificités de cette recherche appliquée…

ON Elle est étroitement associée aux besoins sociétaux et au tissu industriel romand. A la différence des écoles polytechniques fédérales et des universités, nos chercheurs ont des objectifs concrets et à court terme. Ils visent des résultats sur un à cinq ans, contre dix à vingt ans pour les autres institutions de recherche fondamentale.

Quelles sont les évolutions qui vous ont le plus marquées ces dernières années ?

ON Il y a 10 ans, la réalité augmentée et l’intelligence artificielle en étaient à leurs balbutiements. Et voyez maintenant ce que les voitures autonomes sont déjà capables de faire ! Être associé à ces révolutions technologiques représente une formidable aventure. Dans le cadre du programme Diagnostic Biochips, nos chercheurs ont par exemple créé des modèles vivants d’organes sur lesquels il est possible de tester les effets de médicaments ou de substances polluantes.

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Dans le cadre du programme Diagnostic Biochips, des ingénieurs ont développé des appareils d’aide au diagnostic, comme des outils de dépistage ou de suivi. © Thierry Parel

Participez-vous à des projets interdisciplinaires ?

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Des chercheurs développent et évaluent différents types de batteries utiles à la gestion ou au stockage des énergies renouvelables avec le projet EC_Storage (Energy District 2050). Dans ce laboratoire, une scientifique trabaille avec des échantillons de batteries au lithium.

ON L’interdisciplinarité a toujours fait partie de notre ADN. Dans nos établissements, les domaines de l’informatique, de l’archi­tecture, du génie civil ou encore des life sciences n’ont jamais été cloisonnés. Avec ses murs végétalisés, le programme Nature et Ville fait appel aux compétences des paysagistes, des architectes et des ingénieurs civils. Des liens ont toujours existé avec l’économie ou la santé. Le programme Energy District 2050, qui se focalise sur le tournant énergétique au niveau des quartiers, intègre les aspects économiques de l’énergie.

La digitalisation représente une priorité dans de nombreux secteurs, mais en particulier dans l’ingénierie. Quelle est votre stratégie ?

ON Nous venons d’ouvrir un nouveau cursus de Bachelor of Science HES-SO en Ingénierie et Gestion industrielles. Il offrira aux jeunes les compétences répondant aux attentes de l’industrie, qui doit relever les défis du 4.0. Des programmes de recherche comme iNUIT s’inscrivent aussi dans cette volonté de développer de nouveaux savoir-faire.

Votre plus grand défi pour les années à venir ?

ON Il s’agit d’obtenir assez d’argent pour continuer à faire une recherche appliquée qui bénéficie à la société et au tissu industriel local. Nous nous trouvons actuellement dans un contexte de tension budgétaire et de concurrence accrue, ce qui ne facilite pas les choses.