TEXTE | Geneviève Ruiz
IMAGES | Luca Locatelli
Lorsqu’il a visité le Jardin de Nemo en 2022, le photographe Luca Locatelli a été fasciné : « Notre monde a besoin de personnes qui inventent des choses folles comme Sergio Gamberini, créateur du Jardin de Nemo et directeur d’Ocean Reef, une société qui fabrique du matériel de plongée. Il a mélangé ses deux passions, la plongée et le jardinage, dans ce projet. Investir de l’argent dans une telle aventure relève d’un courage remarquable. »
Lancé il y a dix ans au large des côtes génoises, le Jardin de Nemo expérimente la culture de plantes dans des serres sous-marines qui prennent la forme de dômes en plastique. Chacune de ces biosphères fonctionne au moyen d’équipements hydroponiques, de graines de plantes et de ventilateurs. Il s’agit de systèmes fermés : grâce à la différence de température entre l’air à l’intérieur et l’eau de mer, cette dernière s’évapore et se condense sur la surface interne.
Thym, sauge, tomates, fraises, laitue ou encore lavande font partie des quelque 600 cultures qui poussent dans ces neuf stations spatiales miniatures. Lors de sa visite, Luca Locatelli a pu récolter du basilic dont il a fait un pesto. « Je ne sais pas si le Jardin de Nemo est en train de créer l’agriculture du futur », souligne le photographe milanais, qui se définit comme un « conteur visuel d’histoires environnementales ». « Mais, poursuit-il, l’idée de Sergio Gamberini pourrait aider les pays côtiers arides à produire davantage de nourriture sans avoir à recourir au processus coûteux de dessalement de l’eau. »
Étant donné que la ferme sous-marine n’a besoin d’une source d’eau externe que pour le démarrage de la croissance des plantes, elle pourrait aussi être utile pour les endroits éloignés des plans d’eau. Cet écosystème fermé est également préservé des attaques de parasites et ne nécessite pas de pesticides. Quant à l’engrais, indispensable, il est d’origine naturelle. Il reste évidemment à comprendre les limites de ce qui pourrait être cultivé ou pas dans ces biosphères. Des recherches pour définir les types de légumes adaptés à l’agriculture sous-marine font partie intégrante du projet. Luca Locatelli prépare de son côté une exposition immersive à la Gallerie d’Italia à Turin, en partenariat avec la Fondation Ellen MacArthur, pour l’automne 2023.