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Les nombreuses règles de l’improvisation

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Existe-t-il un modèle d’improvisation commun, applicable à toutes les pratiques artistiques? Un projet de recherche a tenté de répondre 
à cette question, en réunissant des musiciens, des artistes 
et des acteurs.

TEXTE | Nina Seddik
IMAGES | Laurent Valdès

L’improvisation n’est pas synonyme de liberté. Que ce soit au théâtre, dans la musique, la performance ou le cinéma, il existe des règles à respecter. C’est pour mettre à mal ce cliché et brouiller les frontières entre ces disciplines artistiques que la Manufacture – Haute École des 
arts de la scène, l’ECAL/Ecole cantonale d’art de Lausanne, la Haute école d’art et 
de design – HEAD-Genève et la Haute Ecole de Musique de Lausanne – HEMU – HES-SO ont mis sur pied «Les pratiques de l’improvisation», un projet de deux ans soutenu par le Fonds national suisse. À la tête de cette expérience, Serge Margel, chercheur et professeur de philosophie à 
la Manufacture: «Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’improvisation est tout aussi bien pratiquée dans la musique et le cinéma que dans les arts vivants. Sachant cela, 
peut-on établir un modèle commun?» 
Pour répondre à cette question, le chercheur a réuni une équipe composée de quatre théoriciens, issus de chaque école, ainsi 
que de quatre artistes.

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Durant ses recherches sur l’improvisation, Serge Margel a travaillé avec des étudiants dans le cadre d’ateliers. Son objectif consistait à les mélanger, à les amener à improviser ensemble, puis à créer des objets hybrides. © Laurent Valdès

La recherche s’est déroulée sous forme d’ateliers en deux temps. Lors de la première phase, des duos composés d’un enseignant et d’un artiste ont encadré une quinzaine d’étudiants dans chaque école pendant deux semaines. «On a commencé par réfléchir à ce que l’improvisation signifiait pour chacune des disciplines», note Serge Margel. Sur 
la base d’un scénario minimum, c’est-à-dire quelques indications de base sur l’action à venir, les étudiants de la HEAD ont investi les rues de Genève pour des performances avec les passants. Quant aux étudiants de l’HEMU, ils ont été initiés aux travaux de John Cage, grand compositeur américain 
et maître de l’improvisation, avant de passer par la case pratique. Jouer du trombone dans l’eau ou du violon à quatre mains? L’exercice s’est révélé ardu pour des étudiants habitués à une conception plus classique de leur art.

La seconde étape s’est déroulée à la Manufacture à Lausanne, où les participants ont été réunis pendant quatorze jours. «L’objectif consistait à mélanger les étudiantes et les étudiants, les amener à improviser ensemble et à créer des objets hybrides présentés à la fin de l’atelier», précise Serge Margel. Davantage que le résultat, le processus se révèle intéressant. Certains élèves ont eu du mal à appliquer le concept d’improvisation: «Beaucoup d’artistes l’associent à de l’amateurisme, c’est pourtant faux. Elle est régie par toute une série de règles», explique le chercheur. Des règles explicites, comme les indications d’un metteur en scène, mais aussi intuitives, qui se mettent naturellement en place entre les protagonistes.

Pour les comédiens, cela va passer par le corps et le mouvement. Un modèle commun à toutes les disciplines existe-t-il donc? «Non, conclut Serge Margel, qui a publié un livre présentant les résultats de ses recherches. Puisque chaque pratique artistique possède ses spécificités, un tel procédé n’aurait finalement pas de sens d’après nos observations.» Ce qu’il faut retenir? En termes d’improvisation, dans la vie comme dans l’art, les interactions sont régies par des règles plus ou moins conscientes.


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