Ostéopathie, ergothérapie, nutrition, physiothérapie, sage-femme, soins infirmiers et technique en radiologie médicale font partie des disciplines du domaine Santé. Ce dernier a d’abord rejoint la Haute école spécialisée santé-social (HES-S2) en 2001, avant que cette dernière n’intègre la HES-SO en 2004.


HE-Arc Santé

Comment les institutions de santé s’adaptent-elles au changement climatique ?

« Il est documenté que le changement climatique provoquera une hausse des pandémies, des maladies infectieuses et respiratoires, sans parler des effets des canicules, affirme Pauline Roos, professeure assistante à la HE-Arc Santé – HES-SO à Neuchâtel. Cela pourrait amener les établissements de soins à être confrontés à des crises sans précédent. Or les connaissances manquent pour comprendre comme ils doivent s’y préparer. » Dans ce contexte, la chercheure a lancé le projet Les soins de santé résilients : une réponse aux conséquences du réchauffement climatique sur la santé et sur les institutions sanitaires ? qu’elle mène depuis 2021 en collaboration avec une équipe de la HES-SO Valais-Wallis – Haute École de Santé – HEdS. Cette étude exploratoire vise à identifier une série de recommandations pour que les institutions de soins romandes puissent anticiper au mieux le changement climatique. « L’objectif est que notre système de soins soit résilient, explique la chercheure. Cela signifie qu’en cas de crise, il parvienne à s’adapter pour continuer de remplir ses missions. »

La recherche, dont les premiers résultats seront publiés à la fin de l’année 2023, s’articule autour de deux volets. Le premier comprend une série d’entretiens menés avec des spécialistes du changement climatique et des systèmes de santé, parfois à la croisée entre les deux domaines. Le but est de définir une typologie des impacts du réchauffement sur les institutions de santé, puis une autre sur les mesures préconisées pour y faire face. Dans le cadre du second volet, l’équipe a rencontré un panel de professionnel·les travaillant dans les institutions de santé en Suisse romande et comprenant des directrices ou directeurs administratifs, des médecins-chef·fes ou encore des infirmier·ères spécialisé·es. Une vingtaine de personnes ont été interrogées sur leur perception des impacts du changement climatique, sur les mesures qu’elles ont déjà prises ou celles qu’elles pensent mettre en oeuvre.

« Les résultats préliminaires montrent un écart entre les analyses des expert·es et celles des professionnel·les, indique Pauline Roos. Ces derniers ne sont pas toujours conscient·es des répercussions à venir du réchauffement et sont davantage occupé·es par des défis à court terme comme le Covid-19, la pénurie de personnel ou encore les contraintes budgétaires. En gros, ils n’ont ni le temps ni les moyens d’anticiper la crise climatique. » Une situation que la chercheure souhaiterait voir évoluer au moyen de recommandations, mais aussi en intégrant la question climatique de manière transversale dans les cursus des futur·es professionnel·les de la santé.


Haute école de santé de Genève

Quand les textos envoient à l’hôpital

HEMISPHERES-N°25 Vivre avec les instabilités // www.revuehemispheres.ch
En 2019, la Municipalité de Tel-Aviv a installé des bandes lumineuses sur les trottoirs pour empêcher les piétons qui téléphonent en marchant de s’introduire par inadvertance dans la circulation. | CORINNA KERN / REUTERS

Marcher en écrivant des textos est devenu une pratique quotidienne répandue. En conséquence, le nombre d’accidents a explosé. Et ces derniers ne concernent pas seulement les jeunes, mais aussi les seniors. « Il s’agit désormais d’un enjeu de santé publique, indique Anne-Violette Bruyneel, physiothérapeute et professeure à la Haute école de santé de Genève (HEdS-Genève) – HES-SO. Les jeunes sont davantage touchés par ces accidents en raison de leur utilisation intensive du téléphone, mais les conséquences sont plus graves pour les seniors. »

Pour mieux saisir ce phénomène, la chercheure a mené le projet L’envoi de textos en marchant affecte-t-il les paramètres spatiotemporels de la marche chez les adultes en bonne santé, les personnes âgées et les personnes atteintes de troubles moteurs ou cognitifs ? dont les résultats ont été publiés en janvier 2023. « Nous avons procédé à une revue de la littérature systématique. Elle a montré que cette double tâche cognitive et motrice provoque un ralentissement et une perturbation des paramètres spatio-temporels. Une analyse statistique a ensuite montré que la vitesse de marche se détériorait d’environ 30%. Cela s’avère problématique pour les personnes qui connaissent déjà des difficultés de mobilité. » Sur la base de ces résultats, la professeure souhaite développer des tests d’évaluation de la marche en double tâche, avec téléphone portable, que les patient·es pourraient effectuer avec des physiothérapeutes : « La diminution de nos capacités à gérer le multitasking en marchant s’avère un bon indicateur de notre niveau de mobilité fonctionnelle et des risques piétons. Il s’agirait aussi de développer la prévention dans ce domaine. »


Haute École de Santé Vaud

« Nous souhaitons comprendre le vécu des seniors souffrant d’un cancer “suspendu” »

L’anthropologue Rose-Anna Foley est spécialiste des usages des médicaments en soins palliatifs et en oncologie. Cette professeure à la Haute École de Santé Vaud (HESAV) – HES-SO mène actuellement une recherche qui s’intéresse au ressenti des personnes âgées qui vivent avec le cancer sur la durée.

HEMISPHERES-N°25 Vivre avec les instabilités // www.revuehemispheres.ch
PHOTO : FRANÇOIS WAVRE | LUNDI13

Quel est le contexte de votre projet Être âgé·es et vivre avec le cancer : Savoirs expérientiels et trajectoires longues des 70 ans et plus ?
Il y a tout d’abord les progrès des médicaments en oncologie. Grâce à eux, de plus en plus de personnes âgées ont des cancers qui évoluent favorablement. Il ne s’agit pas de rémission, ni de fin de vie, mais d’une sorte de temps suspendu, de plus en plus long. Ces évolutions rebattent les cartes de la distinction historique entre curatif et palliatif, également en lien avec le débat sur la limite d’âge des traitements en oncologie. Une autre problématique est celle de l’exclusion de cette catégorie sociale des études cliniques.

Qu’allez-vous observer chez ces seniors ?
Nous souhaitons comprendre comment la personne gère son quotidien, ses médicaments, les soins qu’elle reçoit. Il peut s’agir de rituels de prise des médicaments, d’acupuncture, d’homéopathie ou encore d’automédication. Pour ce faire, nous allons suivre dix personnes sur une année.

Vos résultats, attendus d’ici trois ans, pourront-ils servir à d’autres patient·es ?
La compréhension du vécu de ces seniors et du savoir expérientiel qu’ils acquièrent pourrait profiter à d’autres patient·es en début de parcours. Ce type de démarche permet d’introduire davantage d’horizontalité dans la relation entre les patient·es, les soignant·es et les médecins.


Haute école de travail social et de la santé Lausanne

« Il reste beaucoup à faire dans le champ de l’autisme »

Evelyne Thommen a mené des études dans le champ de l’autisme pendant plus de trente ans. Elle raconte comment les conceptions, tout comme les prises en charge, ont évolué.

Visible Spectrum : Portraits du monde de l’autisme (2021) est un livre de la photographe américaine Mary Berridge, dont le fils est lui-même autiste. Elle y transmet une autre façon de voir la maladie, dans laquelle les perspectives diverses et non conventionnelles des autistes sont valorisées. | MARY BERRIDGE

Le parcours d’Evelyne Thommen, professeure honoraire à la Haute école de travail social et de la santé Lausanne – HETSL – HES-SO depuis 2020, a débuté avec un diplôme d’ergothérapeute en 1980, pour se poursuivre dix ans plus tard avec un doctorat en psychologie. Dès les années 1990, elle se spécialise dans le trouble du spectre de l’autisme. « On ne comprenait à peu près rien à l’époque, se souvient-elle. La psychanalyse prenait beaucoup de place. On obligeait les parents à suivre une psychothérapie. On pensait que le mutisme de leur enfant était le choix de ce dernier de couper la communication avec eux. Les progrès ont été gigantesques. Mais il reste beaucoup à faire. » Arrivée à la HETSL en 2003 en tant que professeure, Evelyne Thommen mène ses recherches suivant deux axes. Le premier vise à « mieux saisir comment les autistes comprennent autrui ». La professeure honoraire évoque notamment un projet financé par le FNS, mené entre 2012 et 2015 avec sa collègue Emmanuelle Rossini, intitulé L’évaluation d’une intervention ciblée sur les habiletés sociales auprès de très jeunes enfants atteints de troubles du spectre de l’autisme. « Nous avons testé une méthode de compréhension des émotions basée sur des ateliers de marionnettes avec un groupe d’enfants entre 2 et 3 ans. Parallèlement, un autre groupe d’enfants suivait une thérapie comportementale intensive classique. Nos analyses ont montré que les deux thérapies engendraient des progrès similaires. La principale différence étant liée à leurs coûts et à leurs contraintes : les ateliers de marionnettes avaient lieu deux fois par semaine en impliquant les parents à raison de deux heures par semaine, alors que la méthode classique comprenait une intervention de dix heures hebdomadaires. » Le deuxième axe des recherches menées par Evelyne Thommen est souvent effectué dans le cadre de mandats pour des institutions. « Je pense à une recherche menée entre 2010 et 2012 avec ma collègue Véronique Zbinden Sapin. Notre objectif consistait à évaluer l’accompagnement des jeunes adultes autistes dans une dizaine de structures de Suisse romande, puis de proposer des bonnes pratiques. Sur le terrain, nous avons constaté des lacunes dans la formation du personnel, mais aussi un excès de médicaments prescrits, notamment des anxiolytiques et des psychotropes. » Pour la chercheure, les projets appliqués ne pouvaient être dissociés d’un engagement militant : « Il y avait et il y a toujours de la maltraitance dans l’accompagnement des personnes autistes. Le niveau de formation du personnel n’est généralement pas suffisant et la complexité du travail met tout le monde en péril. La personne avec autisme n’a pas besoin d’être calmée, elle a besoin de comprendre, d’être comprise et de bénéficier d’un accompagnement éclairé. Notre société ne pourrait-elle pas s’ouvrir davantage à la neurodiversité ? »


HES-SO Valais-Wallis – Haute École de Santé

Une plateforme pour aider les parents d’enfants atteints de maladies rares

En Suisse, environ 350’000 enfants sont touchés par une maladie rare, généralement découverte durant les premières années de vie. La période suivant le diagnostic s’avère complexe pour les parents, notamment pour avoir accès à des informations concernant les aides financières, les soutiens administratifs ou encore les aspects organisationnels. C’est pourquoi l’Association de soutien aux enfants atteints de maladies rares (KMSK), en collaboration avec Fernando Carlen, professeur à la HES-SO Valais- Wallis – Haute École de Santé – HEdS et la Haute école zurichoise de sciences appliquées, a développé une plateforme de connaissances qui réunit sur un seul site web toutes les informations à destination des familles concernées. On y trouve des ressources sur des domaines variés tels que la gestion du stress et des émotions, l’éducation (crèches, écoles), les prestations d’assurance, des échanges avec des familles, etc. La plateforme est gratuite et disponible en français, allemand, italien et anglais : Wissensplattform.kmsk.ch.


Institut et Haute École de la Santé La Source

Visibiliser la violence de couple chez les seniors

Environ 20% des femmes sont confrontées à la violence conjugale en Suisse. Mais moins de 5% des personnes qui sollicitent les structures d’aide ont plus de 60 ans. Pourtant, rien n’indique que la violence au sein du couple diminue avec l’âge : « Nos recherches montrent qu’elle est tout aussi présente dans cette catégorie », explique Delphine Roulet Schwab, professeure à l’Institut et Haute Ecole de la Santé La Source – HES-SO à Lausanne et présidente de Gerontologie.ch. Elle dirige actuellement le projet national Violence dans les couples âgés : étude et développement de matériel de sensibilisation. Il est co-construit avec de nombreux partenaires de terrain parmi lesquels Vieillesse sans violence, le Senior-lab, Prévention suisse de la criminalité, Pro Senectute et le centre LAVI.

Menée dans six cantons des trois régions linguistiques, cette étude comprend notamment des entretiens avec des professionnel·les des domaines de la vieillesse et des violences domestiques. « Ces institutions fonctionnent souvent en silos et n’ont pas l’habitude de collaborer sur cette thématique, relève Delphine Roulet Schwab. Il faut dire que la violence dans les couples âgés est invisibilisée dans notre société. Cette situation est due à de multiples facteurs en lien avec de l’âgisme, des tabous liés à la sexualité des seniors, mais également aux difficultés des personnes âgées à accéder aux ressources disponibles. Elles passent ainsi souvent sous le radar. » Les recherches menées par cette spécialiste du vieillissement – qui font participer activement des seniors victimes ou non de violences conjugales à toutes les étapes – montrent également que la violence conjugale chez les personnes âgées comporte des spécificités. Elles peuvent être d’ordre générationnel, avec des couples qui se sont formés à une époque où il était normal que l’homme soit le chef de la famille et où on ne parlait pas des problèmes de violence. Elles peuvent aussi être en lien avec l’étape de la retraite, souvent synonyme de perte de statut social et de ressources financières, mais aussi d’une augmentation du temps passé ensemble. La peur des conséquences, des réactions de l’entourage, voire de se retrouver en EMS, peut également pousser les victimes à ne pas parler de ce qu’elles vivent.

L’objectif de Delphine Roulet Schwab et de son équipe est de développer du matériel de sensibilisation et de visibiliser cette problématique. « Il s’agit de faire connaître les ressources d’aide, mais aussi d’inciter les organisations à les rendre plus accessibles aux seniors. Par exemple, les informations se trouvent souvent sur internet et les consultations nécessitent de se déplacer. » Un autre aspect consiste à sensibiliser les professionnel·les aux spécificités liées à l’âge et à la diversité des situations de couples chez les seniors. « Comme pour les autres catégories de population, les cas de figure sont nombreux : il y a des personnes LGBTQIA+ ou migrantes, certains couples durent depuis cinquante ans alors que d’autres viennent de se former. »


Haute école de santé Fribourg

Évaluer les besoins des proches d’une personne atteinte de démence

Pour apporter une aide aux personnes proches aidantes d’individus avec démence (PPA-D), la Haute école de santé Fribourg – HEdS-FR – HES-SO a mené un projet de recherche afin de développer une plateforme numérique qui cible leurs besoins. Appelé MeetMyNeeds et dirigé par la professeure Sandrine Pihet et la collaboratrice scientifique Noémie Pasquier, le projet a abouti à un outil qui propose d’abord à chaque PPA-D du canton de Fribourg de répondre à un questionnaire lui permettant d’évaluer ses besoins dans divers domaines. Ensuite, elle reçoit un profil de résultats qui met en évidence ses besoins prioritaires, pour être finalement orientée vers les prestations locales qui répondent à chaque besoin identifié. Avant d’être proposé à la population, l’outil attend encore un développement technique. MeetMyNeeds a été mené dans le cadre du programme Pénurie de maind’oeuvre qualifiée dans les professions de la santé : place, intégration et soutien des proches aidant·e∙s (PePA) du domaine Santé de la HES-SO.